L’Ange de l’histoire de Rabih Alameddine

Tu as l’air fatigué, dit Satan, je lui dis que je l’étais, que je n’aurai aucun mal à m’endormir dans ce fauteuil inconfortable même si je n’avais pas à portée de main mes deux principales aides à l’endormissement, mon chat Béhémoth et l’enregistrement YouTube de l’aspirateur Hoover WindTunnel.

Une lecture qui nous plonge, à la fois dans une biographie et un conte. Un conte des temps modernes avec une plume chantante, déstabilisante. Une intrigue qui court sur plusieurs décennies pour nous raconter la dérive humaine. Mais cette dérive a le goût des mille et une nuit. Imaginez-vous devant un bon feu avec un auteur qui vous raconte une histoire. Rabih Alameddine, est un conteur.

Le temps d’une nuit, dans la salle d’attente d’un hôpital psychiatrique, Jacob, poète d’origine yéménite, revient sur les événements qui ont marqués son enfance dans un bordel égyptien, son adolescence sous l’égide d’un père fortuné, puis sa vie d’adulte homosexuel à San Francisco dans les années 1980, point culminant de l’épidémie du sida.

On s’imagine lire une énième biographie, mais c’est là où le talent de l’auteur nous entraîne, dans un conte fantastique. En effet, Jacob n’est pas seul : Satan et la Mort se livrent un duel et se disputent son âme, l’un le forçant à se remémorer son passé douloureux, l’autre le poussant à oublier et à renoncer à la vie.

Le plume est d’une rare érudition et je dois dire que cela fait du bien, car j’ai eu l’impression de relire un des auteurs classiques que j’ai pu affectionner. Alors oui, c’est beau, c’est même poétique, mais je me suis parfois ennuyée. 

Le mélange entre saga familiale, biographie, plume poétique, ironie, a parfois eu du mal à trouver grâce à mes yeux. Alors que les éléments pris un par un étaient d’une grande saveur. Les chapitres s’alternent entre souvenirs de Jacob, discussions entre la mort et le diable et le présent dans la salle des urgences de l’hôpital.

L’auteur décrit avec justesse, la communauté homosexuelle de San Francisco ravagée par le sida pendant les années 80. Jacob, révèle une personnalité meurtrie par la mort, de ses amis et de l’amour de sa vie, emportés par la maladie. 

L’impossible oublie, qui permet d’accepter la mort. L’oublie qui permet d’apporter la paix à Jacob lui est refusé par Satan, qui se dispute avec la Mort qui ne souhaite que le soulager. Enfin le soulager surtout pour avoir son âme. Chacun se disputant cette âme meurtrie, que la vie a meurtrie.

D’une certaine manière, l’auteur tente un éclairage sur les désillusions que nous rencontrons, oblige son lecteur à une certaine introspection, à se demander comment lui a fait face à ses monstres.

Un roman ambitieux, original, qu’il n’est pas aisé d’aborder. Malgré une lecture chaotique, je garde un sentiment agréable dans son ensemble, mais avec des passages à vide où je suis restée à la périphérie de ce conte moderne.


Parution : 30 août 2018 – Editions Les Escales – Pages : 408 – Genre : thriller psychologique – fantastiqueTraduction : Nicolas Richard

À travers le portrait spectaculaire d’un homme blessé et hanté, l’auteur des Vies de papier, prix Femina Étranger 2016, revient avec une réflexion éblouissante sur l’oubli et la mémoire. Le temps d’une nuit, dans la salle d’attente d’un hôpital psychiatrique, Jacob, poète d’origine yéménite, revient sur les événements qui ont marqué sa vie : son enfance dans un bordel égyptien, son adolescence sous l’égide d’un père fortuné, puis sa vie d’adulte homosexuel à San Francisco dans les années 1980, point culminant de l’épidémie du sida. Mais Jacob n’est pas seul : Satan et la Mort se livrent un duel et se disputent son âme, l’un le forçant à se remémorer son passé douloureux, l’autre le poussant à oublier et à renoncer à la vie.
En dressant le portrait bouleversant et tout en finesse d’un homme hanté par les souvenirs, Rabih Alameddine livre un texte éblouissant d’érudition et d’imagination, imprégné à la fois d’humour, de violence et de tendresse. Surtout, il nous rappelle l’urgence et la nécessité de se confronter au passé et de ne pas céder à l’oubli.


Ju lit les mots

– Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Contributrice journal 20 minutes – Membre the funky geek club




Catégories :Challenge Polars et Thrillers, Historique, Thrillers/Polars

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14 réponses

  1. J’ai dans ma PAL « Les vies de papier » dont le résumé m’a séduite. Certains reprochent à l’auteur son côté brouillon qui peut perturber ou même lasser. À voir.

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  2. Un auteur que je découvre grâce à toi. Merci Julie pour ce partage. Je crains de n’être pas suffisamment armée pour lire ce genre de roman, trop ardu pour moi me semble-t-il, même si ton avis m’intrigue. 😘

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  3. Le côté conte des temps modernes me tente bien mais j’ai peur de m’ennuyer comme toi…

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  4. Dommage qu’il n’ait pas su entièrement te convaincre.

    Quand tu as mentionné les urgences psy, tu as éveillé mon intérêt, mais ça ne semble pas tenir une part importante de l’histoire, c’est dommage, ça m’aurait plus donné envie de le lire que le reste du pitch ^^

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  5.  » je me suis parfois ennuyée »… oups, je connais ça aussi !

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  6. Pas sûre que je retiendrais ce roman, ou alors il faut vraiment que je sois attachée aux protagonistes pour ne pas me laisser distancer si certains passages m’ennuient.

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