
Je tiens, scellé dans un coffre, le corps en pièces de ma mère. Dissimulés sous une pile de vêtements colorés, à l’abri des regards, du mien surtout, dans un grand sac en papier fort d’une enseigne de luxe, des clichés radiographiques sommeillent. Le corps souffrant ne s’exhibe pas. Dans une fébrilité inquiète, je guette leur message opaque. Ces intérieurs, amas blancs et noirs, affichés sur le négatoscope ne s’offrent qu’à l’expert. Il me plaît pourtant de heurter aux silences ce projet impudique. Dans mon armoire et dans mon cœur, ces radios attendent que je leur donne la parole.
J’ai longtemps cru que je n’avais rien à dire. Je n’avais pas de souvenirs d’enfance. Comment faire surgir les images quand on a grandi derrière des cloisons à redouter des cris et des soupirs ? Et puis, je suis tombée sur ces radios. Ce fut comme une révélation. Devenues cartes à explorer, territoires à parcourir, ces pellicules rectangulaires ont fertilisé ma mémoire. J’ai interrogé leurs ombres et ravivé, par fragments, les souvenirs de douleurs tues. En les découvrant, gondolées comme sous l’effet du soleil, les mots ont cillé. Mes textes fragmentaires sont devenus tableaux, tentatives pour faire surgir du néant des hommes et des lieux, la terre dont je viens, Tunisie longtemps fuie dont je refusais l’héritage.
Ce livre est mon album de jeunesse, ma discothèque, mon reliquaire.
Parution : 21 août 2024 – Éditeur : JC Lattes – Pages : 288 – Genre : contemporain, tranche de vie, violence faites aux femmes
En trouvant un jour des radiographies de sa mère, Mona découvre l’étendue de ses souffrances. Ces clichés l’obsèdent au point de l’obliger à se confronter à son histoire. Celle de Yacine, son père, immigré tunisien bousculé dans la France des années 1960. Celle de Jeanne, sa mère, démunie face à la chute de son mari et à sa violence. Celle de son frère, Elyas, qui n’aura d’autre choix que de disparaître pour se reconstruire ailleurs. Et la sienne, enfin.
Puisant sans relâche sa force dans les livres, Mona explore ces vies invisibles entre les deux rives de la Méditerranée. D’un geste d’écriture puissant, Le Tube de Coolidge est l’histoire d’une réconciliation, celle d’une femme avec ses origines, par la grâce de la littérature.
Catégories :Premières Lignes...

Premières linges… Le Haut Mal de Pierre Léauté
Premières lignes… Le Verbe libre ou le silence de Fatou Diome
Premières lignes… Rentrée littéraire 2025 – Un jour ça finira mal de Valentin Gendrot
Premières lignes… Rentrée littéraire 2025 – Oû s’adosse le ciel de David Diop
Des premières lignes qui interpellent.
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Oui! L’histoire est vraiment émouvante 😍
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J’adore la couverture!
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Elle est vraiment belle 🤩
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Une plume qui semble poétique ! Et effectivement, quelle belle couverture 😍
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