Les héros sont ceux que l’on ne voit jamais sous les projecteurs, mais qui éclairent les recoins les plus sombres de l’Histoire.

C’est exactement ce que Morvan et Tcherkézian parviennent à faire dans cette bande dessinée : rendre visible l’invisible, donner vie à des personnages souvent relégués à une note de bas de page dans les livres d’Histoire. Avec Missak, Mélinée et le groupe Manouchian, ils écrivent la mémoire d’un groupe de résistants héroïques avec une humanité bouleversante. Dès les premières pages, on est pris par l’intensité du récit, une fresque tragique, qui nous transporte dans la France occupée de la Seconde Guerre mondiale.

Cette bande dessinée raconte l’histoire de Missak Manouchian, un immigré arménien devenu chef de la résistance parisienne sous l’Occupation nazie, et de son groupe, composé d’étrangers qui ont risqué leur vie pour libérer la France. Le groupe Manouchian, souvent oublié dans la grande fresque de la résistance, trouve ici sa place au Panthéon des héros grâce à une narration précise et poignante. À travers les yeux de Missak et de sa compagne Mélinée, on assiste à une lutte contre l’oppresseur, dans l’anonymat le plus total. C’est une histoire de sacrifice, de courage et d’amour, mais aussi une réflexion sur la façon dont l’Histoire rend honneur à ses héros.

Le rythme est juste, alternant entre moments de tension dramatique, instants d’intimité émouvante et scènes de résistance intense. Chaque bulle est pensée pour toucher le lecteur avec justesse qui laisse place à l’émotion brute. Les dialogues sont percutants, chaque mot est pesé avec soin, et les silences, souvent, en disent encore plus. Le dessin : Terkel Tcherkézian parvient à sublimer le texte avec un graphisme à la fois sobre et puissant. Les traits sont précis, les visages expressifs, et les jeux d’ombre et de lumière accentuent la noirceur des événements sans jamais tomber dans le manichéisme. Il y a une véritable maîtrise de la composition, où chaque plan est une œuvre d’art à part entière. Certaines planches, notamment celles où l’on ressent la tension avant une opération clandestine, sont d’une beauté saisissante, presque cinématographique.

Missak et Mélinée sont plus que des symboles, humains avec leurs doutes, leurs peurs, mais aussi leur force inébranlable. Leurs histoires personnelles, leurs parcours respectifs – celui d’un homme qui a fui le génocide arménien pour finalement embrasser une autre cause, celui d’une femme prête à tout pour soutenir son amour et la liberté – sont dépeints avec une telle sensibilité qu’on ne peut qu’être bouleversé. Les autres membres du groupe Manouchian ne sont pas en reste : chacun a son propre destin, sa propre lutte, et ils forment un collectif d’une grande humanité.

C’est un récit qui ne peut laisser indifférent. La lecture de cette bande dessinée est une véritable leçon d’histoire, mais surtout une leçon d’humanité. Elle pose des questions essentielles sur la mémoire collective, sur le rôle des étrangers dans la résistance, et sur la façon dont on choisit d’honorer (ou d’oublier) ceux qui ont combattu dans l’ombre.

Missak, Mélinée et le groupe Manouchian est une bande dessinée qui se lit avec le cœur autant qu’avec les yeux. Pour tous ceux qui aiment l’histoire, mais aussi pour ceux qui cherchent à comprendre ce que signifie vraiment l’héroïsme, c’est une lecture incontournable.

Je remercie les éditions Dupuis et Netgalley pour l’envoie du livre.

Parution : 16 février 2024 – Éditeur : Dupuis – Scénario : Jean-David Morvan, Éloïse De la Maison – Dessin : Rafael Ortiz, Scie Tronc,  Sergio Monjes, Thomas Tcherkezian – Pages : 160 – Genre : bande dessinée, seconde guerre mondiale, résistance, documentaire, Histoire, thriller historique

Torturé puis fusillé le 21 février 1944 avec 22 autres membres de son groupe Francs-Tireurs et Partisans ? Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI), le poète, ouvrier et militant communiste Missak Manouchian va devenir un symbole de la Résistance intérieure française. Un martyr que le peuple opprimé n’oubliera jamais.

Cette exécution, très médiatisée par les Allemands à travers la fameuse Affiche rouge, servira de propagande nazie pour déstabiliser et décrédibiliser la Résistance face au peuple français.

Un destin hors du commun qui prend une nouvelle ampleur en février 2024 avec l’entrée de Missak et Mélinée, son épouse, au Panthéon.

Première collaboration de J.-D. Morvan et du dessinateur arménien Thomas Tcherkézian, qui nous narrent le destin incroyable et tragique de Missak Manouchian et son groupe de résistants, exécutés par l’occupant allemand en février 1944.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 juillet 2024 au 11 juillet 2025)

Ju lit les mots

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