
Perché sur l’eucalyptus foudroyé, un corbeau à l’œil jaune et sceptique la regardait.
Ce corbeau, c’était la mort.
S’il croassait, elle était morte. S’il attirait l’attention de Jacko en s’envolant, elle était morte.
L’oiseau l’observait la tête légèrement penchée.
Elle rampa avec précaution à travers les herbes sèches, puis, parvenue à hauteur de l’arbre, s’arrêta pour reprendre son souffle.
Avec le bas de son tee-shirt, elle essuya la sueur qui lui dégoulinait sur le front. Elle suçota comme elle put l’humidité recueillie sur le tissu.
S’étant accordé quelques instants de répit, elle se remit à progresser à quatre pattes, au-delà de l’arbre, jusqu’au bout de la bande herbeuse. À présent il n’y avait plus que la plage entre Jacko et elle. Aucune végétation. Zéro protection. Il ne lui servait plus à grand-chose de ramper à ras du sol.
Lentement, sans mouvement brusque, elle se mit debout et fit passer la machette de sa main gauche dans sa main droite. C’était un objet ancien, assez lourd, tout rouillé. Elle serra les doigts sur sa poignée en bois craquelé en espérant que la lame ne s’en éjecterait pas lorsqu’elle la lèverait pour frapper.
Bien campée sur ses jambes, elle commença à marcher.
Tuer des êtres vivants, elle avait déjà fait – des saumons, des truites, des canards.
Mais ici c’était différent, n’est-ce pas ? Très différent.
Ici, il s’agissait d’un être humain.
Assis à califourchon sur le baril de pétrole, Jacko lui tournait le dos. Le fusil sanglé derrière son épaule était une antiquité, mais il paraissait bien assez redoutable.
Elle continua d’avancer avec précaution, ses pieds nus ne faisant aucun bruit sur le sable et les galets.
Dans la baie, à courte distance du rivage, une masse énorme affleura à la surface de l’eau. Ils avaient bien fait de ne pas tenter la traversée à la nage pour se mettre à l’abri. La nageoire dorsale balafrée qui pointait vers le ciel était celle d’un grand blanc. Jacko l’avait lui aussi remarquée. Tout à coup, il se leva, saisit son fusil et l’épaula pour viser le requin. Une puissante détonation ébranla la sérénité de la plage. Des hérons et des mouettes prirent leur envol de la laisse de vase.
Elle regarda derrière elle.
Le corbeau perché sur la plus haute branche de l’arbre calciné n’avait pas bronché. Il la regardait toujours la tête inclinée. Il était patient. Il avait déjà assisté à ce genre de scène. Sans doute s’attendait-il à voir débarquer bientôt des charognards.
Parution : 11 mars 2020 – Éditeur : Fayard-Mazarine – Pages : 400 – Traduction : Pierre Reignier – Genre : polar, thriller, thriller-psychologique, drame, littérature américaine, roman noir
« Il faut que vous gardiez votre calme et que vous m’écoutiez très attentivement. Il faut que vous procédiez exactement comme je l’ai fait. Vous devez prendre note de toutes les règles et vous avez l’obligation de vous y tenir. Si vous violez une seule de ces règles ou appelez la police, cela retombera sur vous et cela retombera sur moi. Votre fille sera tuée et mon fils sera tué. Alors notez bien tout ce que je vais vous dire. »
À l’autre bout du fil, une voix inconnue annonce à Rachel qu’elle a kidnappé sa fille. Pour qu’elle soit libérée, Rachel doit enlever l’enfant de quelqu’un d’autre. Car son enfant ne sera relâchée que quand les parents de sa cible auront à leur tour enlevé un enfant et transmis les mêmes ordres. Chacun devient victime, ravisseur, criminel. Voilà comment fonctionne et se perpétue la Chaîne indéfiniment.
Ju lit les mots
– Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Contributrice journal 20 minutes – Membre the funky geek club
Catégories :Premières Lignes...

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Curieuse de lire la suite.
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😊
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J’aime beaucoup ces premières lignes ! Merci pour le partage Julie 🙂
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Merci à toi Ludivine 🙂
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