– Vous êtes venu m’entretenir du tableau de la duchesse de La Vallière. Je ne me trompe pas ? Le tableau dont tout le monde parle sans en rien savoir !

La Reynie apprécia la diversion. Colbert l’avait habitué à l’art de gagner du temps pour sonder son adversaire.

– Rien de cela, monsieur Colbert, même si ce que vous me dites me préoccupe également.
– Vous pouvez l’être car le roi s’en agace. Il semblerait que trop de rumeurs se répandent dans les salons et qu’on y entende le meilleur et son contraire. J’espère lui répondre bientôt sur ce sujet. La duchesse de La Vallière aime les secrets. Laissons-lui ce privilège, ce sera son dernier.
– En vérité, je suis ici pour vous entretenir d’une affaire qui ne concerne que vous et moi et qui pourrait épargner au royaume des rumeurs plus embarrassantes que le tableau de Mignard.

Colbert s’appuya sur sa canne. La rosée avait trempé ses souliers à boucles d’argent.

– Pour vous exprimer en ces termes, monsieur le lieutenant général de police, il vous faut un dossier que vos mains semblent avoir oublié.
– Non, monsieur Colbert, car il n’existe pas de pages vous concernant et il ne saurait y en avoir.
– Ce détail ne peut que nous rapprocher. De quoi allons-nous discourir qui exige mes lumières ?
– Je voulais vous entretenir de la grande idée que vous avez eue.

Colbert apprécia l’approche, la stratégie de la flatterie s’avérant souvent efficace pour aborder l’assaut. Il ne regretta pas d’avoir remarqué cet homme pour en faire le premier policier de France.

– Sans vanité aucune, il faudrait que vous me précisiez laquelle car j’espère pour le royaume en avoir conçu plusieurs.

Ce fut au tour de La Reynie d’apprécier la répartie. Il continua sans ciller.

Parution : 03 février 2025 – Éditeur : Albin Michel Éditions – Pages : 448 – Genre : policier, polar, polar historique, littérature française

1673, Paris, rue Pastourelle : on découvre le corps d’une jeune femme, les lèvres cousues d’un fil de soie. C’est la première victime d’une série de meurtres identiques. La Reynie, lieutenant général de police, missionne deux enquêteurs pour élucider l’affaire, ainsi qu’un jeune artiste italien, Emilio, assistant du peintre Mignard, dont les esquisses des victimes à la morgue favoriseront la collecte de témoignages.

Voilà Emilio projeté malgré lui au cœur de deux enquêtes car, dans l’atelier de Mignard, se peint un tableau qui inquiète la cour : le portrait de la duchesse de La Vallière, maîtresse en disgrâce de Louis XIV, qui dissimulerait à destination du roi un dernier message…

Des bas-fonds de Paris où rôde la redoutable police secrète de Colbert à la cour où s’ourdissent les plus folles intrigues, Jacques Forgeas signe un polar captivant, qui raconte la naissance de la police moderne.

Ju lit les mots

– Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Contributrice journal 20 minutes – Membre the funky geek club

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