Avis express : l’essentiel en quelques mots


Abîmes de Lucile Corbeille

Parution : 23 avril 2025 – Pages : 176 – Editeur : Delcourt – Genre : Bande dessinée | autobiographie | secret de famille | Deuil

Lucile, mère de famille et photographe en quête de sens, se sent un peu étrangère à sa propre vie. Suite au décès de son père, elle décide d’affronter son passé. Plongeant dans les albums photos de sa famille, elle va exhumer des blessures enfouies et des secrets oubliés. Arrivera-t-elle à conjurer la malédiction qui semble frapper les siens, à se libérer du passé et se réapproprier son histoire ?

Lucile Corbeille signe une bande dessinée singulière, qui explore la complexité du deuil, du non-dit et de la transmission traumatique. Le trait est délicat, presque spectral. Son utilisation de l’aquarelle donne vie aux silences graphiques et donne à la lecture une texture particulière, presque flottante. Ce n’est pas un récit spectaculaire, mais un lent glissement intérieur, une descente dans les zones floues de la mémoire familiale et personnelle.

Abîmes parle de vide, mais surtout de ce qu’on construit autour de lui pour survivre. Il évoque les héritages invisibles, les blessures muettes, et cette étrange manière qu’a le passé de rejaillir quand on tente de l’oublier. C’est aussi une bande dessinée sur la filiation et les questions qui restent sans réponse.

Dans un contexte contemporain où les questions de santé mentale, de charge émotionnelle et de mémoire familiale reviennent au centre des récits, Abîmes s’inscrit avec justesse. Sans chercher à résoudre ou à apaiser, l’auteure invite à habiter l’incertitude, à accepter les failles, et à en faire, peut-être, une forme d’art.


Les sœurs Grémillet – Tome 7 – Le dragon d’or de Di Gregorio Giovanni et Barbucci Alessandro

Parution : 25 avril 2025 – Pages : 72 – Editeur : Dupuis – Genre : bande dessinée | littérature jeunesse | magie | aventure | enquête

On a volé le Dragon d’or, cette petite statue porte-bonheur au coin du jardin public ! C’est là que Sarah, Cassiopée, Lucille et leurs parents passaient si souvent. Là que s’est formé le Club des 3 sœurs, qui décident d’enquêter, malgré des journées déjà bien remplies ! Car Cassiopée participe à un concours de nouvelles – dont elle va profiter pour raconter sa recherche du Dragon d’or dans un récit médiéval – pendant que Sarah, elle, se consacre à un tournoi de hockey et que Lucille cherche à se rapprocher d’un adorable chiot… Toutes ces quêtes seront-elles couronnées de succès ? Pas sûr… Mais n’est-ce pas de l’échec que naissent souvent l’apprentissage de la vie et la connaissance de soi ? Avec une délicieuse double lecture, entre vie réelle et récit médiéval écrit par Cassiopée, retrouvez le meilleur des Sœurs Grémillet mais avec une narration résolument étonnante !

J’ai déjà eu le plaisir de vous parler de cette petite bande dessinée jeunesse mais qui me plait pour ses dessins, son ton et qui me rappel à quel point l’enfance est le berceau de l’imagination. Dans cet article, je vous présentais les quatre premier volumes, j’ai lu les deux suivants, mais je n’ai pas pris le temps de vous faire un retour. Je profite donc de ce nouveau format express pour vous parler du septième tome.

les Sœurs Grémillet poursuivent leur parcours entre rêve, mystère et découverte de soi, toujours portées par la plume tendre de Giovanni Di Gregorio et les sublimes illustrations d’Alessandro Barbucci.

Au fil de l’album, les trois sœurs affrontent non pas un simple mystère, mais des questions plus profondes sur l’identité, la mémoire et les liens familiaux. Fidèle à l’esprit de la série, ce tome mêle l’enquête, l’émotion et la poésie, avec une finesse qui parle autant aux enfants qu’aux adultes.

Dans un monde souvent dominé par le bruit et la vitesse, cette bande dessinée offre une parenthèse précieuse : un voyage intérieur autant qu’une aventure graphique. Une lecture accessible et intelligente, qui confirme la richesse de cette série devenue un de mes incontournable.


La Muette de Valérie Villieu et Simon Géliot

Parution : 2 avril 2025 – Pages : 250 – Editeur : La Boîte à Bulles – Genre : roman graphique | guerre | Histoire | adaptation | résilience | nazisme

20 août 1941, la police française se prépare à arrêter 5000 habitants du 11e arrondissement de Paris, tous de confession juive… Quelques jours plus tard, ils seront 4230 hommes à être emprisonnés dans la cité de La Muette à Drancy.
Durant trois années, la cité verra ainsi passer 67 000 hommes, femmes et enfants en partance pour les camps de la mort… Parmi eux, Béno, Nissim, Jean, Chil, Chana et bien d’autres. Des noms qui sont autant de victimes de la logique d’extermination nazie – et de ses complicités françaises. Des destins qui se croiseront dans un quotidien rythmé par les rafles et déportations qui emplissent et vident alternativement le camp…
À travers ces histoires, Valérie Villieu et Simon Géliot donnent pour la première fois à voir la vie du camp de La Muette : son organisation, son évolution et le quotidien des interné.e.s qui y sont passés. Un quotidien marqué par la souffrance, la lutte pour survivre mais aussi la solidarité et la foi en un avenir meilleur.

Ce roman graphique plonge le lecteur dans les heures les plus sombres de l’Histoire de France à travers le camp d’internement de Drancy, actif entre 1941 et 1945. Cela débute sous une apparente romance sur fond de Charles Trenet, pour finalement dévoiler la montée de la répression orchestrée par le régime de Vichy.

Un petit 250 pages, où les couleurs sont quasiment absentes, comme un rappel des images sépia qui restent les seules vestiges d’un temps qu’on aimerait oublier. Le coup de crayon sobre et le trait brut, donnent une densité et une réalité encore plus cruelle. C’est une lecture qui ne laisse pas indifférent, même si nous connaissons ce pan historique, on ne peut qu’être touché par ce drame. Au-delà du nazisme et de la condition des juifs, il est question d’enfermement, de violence, mais aussi de solidarité, d’incompréhension et de renoncement.

Les auteurs dressent le portrait d’hommes brisés, humiliés, affamés, pris au piège d’un système inhumain, dans un huis clos où règnent misère et promiscuité. Ils dénoncent sans détour la complicité des autorités françaises et la brutalité des bourreaux.

Les immeubles de la Muette, sont aujourd’hui des logements sociaux, dans lesquels la plupart des habitants ignorent l’histoire des lieux, malgré la présence du Mémorial de la Shoah.

En lisant, on ne peut que s’interroger sur le devenir de ce camp en plein coeur de ville, et on ne peut que s’étonner que cet Habitat collectif encore en construction pendant cette triste période, reprendra sa fonction initiale après sa tragique utilisation.

Ce récit, à la fois pudique et bouleversant, fait écho aux dérives autoritaires, aux politiques identitaires et aux déplacements forcés qui secouent encore le monde aujourd’hui — de Gaza au Soudan, d’Ukraine aux camps de migrants en Méditerranée. Alors que des populations entières sont encore persécutées ou effacées, La Muette nous rappelle, avec force, la nécessité du devoir de mémoire pour résister à l’oubli et à l’indifférence.


Malgré tout de Jordi Lafebre

Parution : 24 septembre 2020 – Pages : 152 – Editeur : Dargaud – Genre : romance | famille | tendresse

C’est l’histoire d’un amour à rebours. Une passion platonique mais éternelle entre deux êtres. D’un côté, il y a Ana. Sexagénaire charismatique, ancienne maire tout juste retraitée, mariée et maman. Une battante au grand cœur qui impose le respect. De l’autre, il y a Zeno. Célibataire endurci, libraire proche de la retraite et doctorant en physique qui aura mis quarante ans pour terminer sa thèse. Un esprit libre et voyageur, aussi séduisant que mystérieux. Au fil des années, ils ont tissé ensemble un amour impossible et intarissable. Tout en égrainant les excuses qui ont empêché qu’elle ne prenne forme, on remonte le temps de cette romance et de ses méandres… jusqu’à sa source. Avec Malgré tout, Jordi Lafebre (Les Beaux Étés, La Mondaine, Lydie) nous offre, avec toute la poésie et la tendresse qui le caractérisent, son premier album en tant qu’auteur complet. Un puzzle amoureux complexe, qu’il recompose savamment au travers de scènes distinctes… et pourtant indissociables les unes des autres.

Une bande dessinée originale et poétique qui raconte une histoire d’amour à rebours, en partant de la fin pour remonter aux débuts de la relation entre Ana et Zeno.

Cette jolie BD de Jordi Lafebre commence par la fin – une idée brillante – et remonte le fil de leurs vies séparées, entre lettres jamais envoyées, tendres maladresses, et moments savoureux. Les couleurs, les regards, les gestes : tout respire la tendresse.

Le dessin est doux, avec des couleurs chaleureuses et un trait expressif qui renforcent la tendresse du récit.

Une comédie romantique pleine de charme, à savourer comme une douceur au coin du feu. Parfaite pour s’évader un peu du tumulte du monde !


Les Beaux Étés – Tome 6 – Les Genêts de Zidrou et Jordi Lafèbre

Parution : 18 juin 2021 – Pages : 56 – Editeur : Dargaud – Genre : humour | famille| ségrégation |

Youpi, c’est les vacances ! Adieu Mons, bonjour le soleil ! Comme tous les ans, la tribu des Faldérault prend la direction du Sud à bord de Mam’Zelle Estérel, la 4L familiale. Pierre n’a pas terminé son album ? Pas grave, il bouclera les dernières planches au bord de la Méditerranée. Les voilà tous les cinq partis pour ne rien faire. Enfin, cinq et demi plutôt, puisque Mado est enceinte. Mais sur la route, patatras. Un camion les double, il perd son chargement et voilà le pare-brise d’Estérel qui vole en éclats. Plus de peur que de mal, mais impossible de continuer. Pendant que le garagiste répare la 4L, la famille est hébergée par Esther et Estelle, deux femmes charmantes qui tiennent la ferme « Les Genêts ». Tandis que Pierre se prend pour Cézanne et que Mado regarde le bébé pousser, les enfants aident à sortir les chèvres et découvrent les charmes de la campagne. Mais ils apprennent aussi les secrets de la vie… Sixième tome d’une série « feel good » qui nous embarque pour un voyage dans le temps, à la découverte du bonheur des vacances d’été en famille, des petites joies du quotidien et des plaisirs tout simples de la vie qui va.

Je ne connaissais pas la série Les Beaux Étés et je ne savais pas non plus que c’était un tome 6, pourtant cela n’a rien retiré à mon plaisir de lecture.

Une famille belge en route pour les vacances vers la mer, se retrouve coincée en Bourgogne. En attendant la pièce de rechange pour leur 4L, ils campent à la ferme des Genêts. Là, les enfants découvrent la vie à la campagne, loin des plages mais riches en découvertes et en rencontres. L’humour, la tendresse et la simplicité de ces moments rendent cette lecture vraiment attachante.

Le trait de Jordi Lafebre, que j’avais déjà apprécié dans Malgré tout, rend à merveille la personnalité, les péripéties de cette famille et les couleurs qui évoquent la douceur des vacances d’été.

Un album drôle et attendrissant, à lire seul ou comme porte d’entrée d’une série qu’on a envie de continuer.


Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 juillet 2024 au 11 juillet 2025)


Ju lit Les Mots
– Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Membre the funky geek club – Contributrice journal 20 minutes –



Catégories :avis express, BD/Romans graphiques, Challenge Polars et Thrillers, Dargaud, Delcourt, Dupuis, Historique, Thrillers/Polars

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32 réponses

  1. un choix varié de BD mais j’en lit si peu !

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  2. Il faut vraiment que je lise Malgré tout qui a l’air très belle comme BD. Abîmes me tente aussi que ce soit pour le thème ou les graphismes…

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  3. J’ai adoré Malgré tout et Les beaux étés (je ne peux que te conseiller de lire les autres tomes). Je note La muette !

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  4. J’ai eu un petit coup de cœur pour Malgré tout et j’avais repéré les 1ers donc tu confirmes mes envies de les découvrir, surtout Abîmes.

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  5. J’avais bien aimé Malgré tout, je la relirai peut-être !

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  6. Pas totalement convaincue par Malgré tout (j’ai bien aimé sans plus), beaucoup plus par Les beaux étés (il faut que je m’y remette, mais la série est très demandée à la bibli, donc difficile de lire dans l’ordre…). Ma fille adore les Soeurs Gremillet! La BD sur Drancy m’intéresse beaucoup, je note!

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    • Malgré tout m’a fait du bien, pour sa note feeling Good, je pense que j’avais besoin d’un peu de douceur… J’ai très envie de découvrir les autres tomes de Les beaux jours 😅 Ta fille a bien raison elle sont vraiment sympa ces sœurs ☺️ Bonne future lecture 😉

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  7. Merci pour ce partage Julie. De chouettes BD à découvrir !

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  8. Bonjour! J’aimerai vous faire parvenir mon roman graphique tout juste sorti, comment faire? Vous pouvez m’indiquer vos coordonnées par mail? Alaracineromangraphique@gmail.com

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  9. Oh mais je ne savais pas que tu lisais autant de BD ma Julie ! ;-P

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  10. J’aime beaucoup ces retours BD. J’avais lu le premier tome des soeurs Grémillet, mais j’avais été un petit peu déçue. Ça ne m’empêchera pas de lire les suivants. Pour ma part, j’ai emprunté trois BD à la médiathèque ce mois-ci, Tant que nous sommes vivants, Grossir le ciel et Au vent mauvais.

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