
L’Iran et les dérives de son régime politique m’ont toujours intriguée. Rares sont les livres qui abordent ce pays sous le prisme de la jeunesse en perdition, alors que l’on peut trouver beaucoup de documentaires. C’était aussi l’occasion de découvrir une nouvelle plume, dont la voix porte au-delà des frontières, pour alerter l’opinion publique. Publiée depuis plusieurs années, Mahsa Mohebali, a beau avoir du succès dans son pays, elle y est interdite d’expression.
Le contexte politique depuis quelques mois, ouvre une brèche aux dénonciations et permet à ce livre d’émerger et il a le mérite d’avoir été écrit par une femme et dont le récit évoquant la drogue, ainsi que de nombreux sujets tabous, montre une jeunesse confrontée aux désirs, aspirant à une liberté plus que légitime.
Dans cette ville où tout s’écroule, les riches fuient et ceux qui n’ont pas le choix vivent le chaos. Dans cette atmosphère étouffante, et pesante, l’obsession de Shâdi, c’est d’avoir sa prochaine dose. Nous la suivrons sur une journée, dans sa quête, au gré de ses rencontres, une galerie de personnages se profile, tous aussi perdus qu’elle, dans ce contexte de temps suspendu entre découragement et désillusion.
Shâdi, se pose à la fois en spectatrice, sans être complètement actrice, parce que l’espoir pourrait briser ses rêves, être étouffé au point de rompre la moindre envie de vivre. L’opium l’aide à oublier, mais par moment, un sursaut de vie apporte une fulgurance à ses désirs, à ses réflexions.
C’est un texte fort, brillant, touchant, qui frappe les esprits par sa narration au détachement introspectif, avec un parallèle incroyable entre les états d’âme d’une junkie dont le seul rêve est d’émerger et un pays, à la jeunesse en ébullition qui aspire à profiter de joies simples, là où d’autres quittent l’Iran et ses privations.
C’est aussi un texte déstabilisant, qui oscille entre réalité et fiction, au rythme des tremblements de terre, allégorie aux secousses politiques, face à cette jeunesse qui rêve de transgresser les règles, entre espoirs, déceptions et courage.
Mais c’est aussi une allégorie, sur la condition de la femme et ses aspirations, où l’auteure, place l’Iran au cœur d’une apocalypse, pour nous faire découvrir une jeunesse désenchantée, mais pleine d’espoir.
Parution : 22 février 2023 – Éditeur : La Croisée – Pages : 192 – Genre : thriller, Iran, violences, guerre, drogue, littérature iranienne, roman noir, thriller psychologique,
Shâdi, jeune femme iranienne, plonge dans l’opium pour échapper à ses parents stricts, à sa famille omniprésente, à son avenir compromis, dans un Téhéran secoué de tremblements de terre, aussi physiques que politiques. Le temps d’un week-end, elle fait le mur et nous entraine dans l’envers du décor de Téhéran pour nous faire découvrir une jeunesse désenchantée et fascinante.
Un roman vif, déjanté, banni dans son pays, enfin publié aux USA et en Europe, et salué comme un souffle d’air dans la littérature orientale.

Catégories :Romans noirs, Thrillers/Polars
ça a l’air d’une lecture difficile moralement, mais qui vaut la peine d’être découverte.
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Oui, c’est une lecture difficile, que ce soit dans la thématique ou la plume mais tellement révélatrice de mal être que j’ai été vraiment contente de la faire 🙂
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Tellement d’actualité ! Merci pour cette découverte. Ça me donne envie de le lire d’autant plus que je ne connais que très peu de romans qui abordent l’Iran d’aujourd’hui.
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Je suis ravie de te faire découvrir ce livre ! Il est non seulement d’actualité et comme tu dis, peu de livres abordent l’Iran.
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La couverture m’aurait laissé penser à un récit peut-être plus doux et onirique, mais elle semble cacher un texte fort que tu évoques avec beaucoup de force. Quant à ton analyse, je la trouve très intéressante.
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Merci 🙂
Je pensais comme toi que ce serait un texte plus doux et onirique. C’est un texte un peu étrange, comme si le personnage était à la fois détachée de tout ce qui se passe autour d’elle mais en même temps impliquée jusque dans ses tripes. C’est les dérives d’une junkie parallèle aux dérives de la société. C’est très allégorique, mais pas du tout, à mon sens onirique. J’ai mis plusieurs jours à pouvoir écrire mon retour…
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Je comprends vu l’intensité du récit qu’il t’ait fallu prendre un peu de temps pour écrire ton ressenti…
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❤
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Ce qui se passe en Iran est terrible (et avant aussi, mais on en parlait moins). Lorsque j’entends certaines choses à la télé, je remercie le ciel (ou qui que ce soit, même le hasard) d’être née dans mon pays…
Je note le roman, des fois que…
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Oui terrible ! Et je suis comme toi, lorsque je vois ce qui se passe ailleurs, je me dis qu’il fait bien meilleur dans nos pays 😉 Si tu as l’occasion, c’est très différent de tes lectures, mais il pourrait te plaire 😉
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Je l’ai noté dans un coin, on ne sait jamais 🙂
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❤
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Un roman qui a l’air fort, un sujet qui m’intéresse et une couverture absolument sublime. Il ne m’en faut pas plus pour le mettre dans ma wishlist !😊
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Oui, c’est un roman fort, introspectif et nécessaire en ces temps troubles. La couv est belle, je suis entièrement d’accord 😉 Je serais ravie de découvrir ton avis, quand tu te décideras 😉
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