
Dans ce premier roman, l’auteure aborde plusieurs sujets sociétaux, notamment la migration, la place de la femme dans certains pays, encore imprégnés de traditions où la femme n’a que peu de possibilités d’émancipation. Elle n’existe que grâce aux hommes et n’est libre de ses mouvements que si les hommes de la famille, en premier lieu le père, ensuite les frères ont donné leur aval. Une femme ne quitte le domicile paternel que pour intégrer celui de son époux. Quand est-il de ses désirs ? Elle ne peut en avoir… Et même si elle a la possibilité de s’exprimer et de faire ce qu’elle désir, elle sera confrontée au qu’en dira-t-on…
En se servant de Najat, comme base de son roman, Rania Berrada nous parle d’une histoire beaucoup plus complexe et profonde que celle que nous lisons. Najat veut être autonome, libre et son rêve ultime, c’est de quitter le Maroc, persuadée de réussir ailleurs. Elle est prête à tout, quitte à se marier, l’amour viendra après.
Malheureusement, de désillusion en désillusion, son rêve prend parfois l’eau. Najat ne peut vivre, elle est constamment en mode survie…
J’aurais pu me désintéresser à un moment donné de ma lecture, mais je sais que les malheurs ne viennent jamais seuls. Ils s’accumulent au point de nous étouffer, nous avaler. Il en faut de la force, du courage, pour nager en eaux troubles et à contresens.
Najat garde l’espoir chevillé au corps, comme seul bagage. Et c’est la grande force de ce roman.
Rania Berrada nous raconte, non seulement l’histoire de Najat, mais aussi celle de toute une génération, qui souhaite s’exiler, confrontée à un système inégalitaire dans son pays. Ici, on parle du Maroc, mais c’est le cas d’une partie de la jeunesse africaine, qui s’émancipe par les études, a des diplômes mais ne peut s’en servir dans son pays.

Najat est touchante, sa naïveté la mettra à rude épreuve, être une femme en exil, c’est se libérer du père pour être soumise au bon vouloir d’un homme, son mari, dans lequel elle met tant d’espoir. Non pas d’amour, ici, il n’en est pas question. Sa volonté c’est de prendre sa vie en main, être reconnue en tant que femme, diplômée et de valeur égale à celle de l’homme.
Ce qui pour nous, femmes européennes est normal, pour ces femmes, l’exil est l’espoir de simplement être libre de faire ce qu’elles veulent, sans être constamment surveillées.
C’est un livre à la fois cri de rage face aux injustices, mais aussi l’espoir d’une vie meilleure, d’une vie de liberté. Mais souvent, la liberté a un prix.
Je remercie les éditions Belfond pour pour leur confiance renouvelée.
Parution : 12 janvier 2023 – Éditeur : Belfond – Pages : 336 – Genre : tranche de vie, immigration, résilience, roman sociétal
Najat se l’est promis, elle ne deviendra ni institutrice ni mère au foyer. Elle quittera Oujda, cette ville marocaine coincée à la frontière algérienne, et réalisera son rêve : atteindre le kharij, l’Europe.
Le sésame doit venir d’un homme, un cousin lointain qui a émigré et qu’elle pourrait épouser avec l’accord du père. Mais chaque fois que Najat approche du but, quelque chose se grippe dans la mécanique. Quelque chose qui vient des hommes, de l’administration, du mauvais œil La faute à ce pays sclérosé par le chômage et la corruption qui brise les aspirations de sa jeunesse. Qu’est-ce qu’une vie passée à attendre ?
En peignant cette femme empêchée qui ne renonce jamais, Rania Berrada s’attache à débusquer l’héroïsme discret d’une vie ordinaire. Un premier roman courageux, tout en nuances.
Catégories :Belfond, Contemporain

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ça semble être une lecture très forte, mais trop réaliste pour ce que je suis capable d’encaisser en ce moment… Peut-être plus tard?
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C’est une lecture forte, pleine de révoltes aussi et révoltante pour nous qui sommes habitués à vivre librement. Tu verras si un plus tard vient, il faut être bien soit-même 😉
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Lorsqu’on a toujours connu la liberté, on doit comprendre comment elle peut être grisante pour celles ou ceux qui ne l’ont jamais connue. Elle fait peur, aussi…
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Oui ! C’est vrai que pour nous c’est normal, mais quand on ne connaît pas…
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C’est déroutant, déstabilisant, grisant, ça fait peur…
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Oui et on perd tout repères je pense…
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Oui, comme si nous, nous nous retrouvions dans un pays liberticide…
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C’est ça…
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brrrrrrrrrrrr
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L’histoire de Najat a l’air intense et révoltante même si tout ne semble pas que ténèbres.
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Oui, c’est révoltant car c’est quand même tiré d’un fait réel au Maroc, puisque le gouvernement a été obligé de légiférer pour recruter les jeunes diplômés mais les instances n’ont pas appliquées la loi…
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Merci pour cette bonne idée de lecture. J’ai parfois l’ impression que le monde régresse, que la liberté des femmes est mise à rude épreuve.
Bonne soirée 🌟
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J’ai la même impression que toi malheureusement… Il suffit de peu de choses pour que le droit des femmes soit touché…
Excellente soirée 🙂🌟
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