Il y a un découpage intéressant à souligner, avant la fuite de Katia, la grande période de sa vie en Allemagne de l’Ouest et dans un troisième temps, son retour aux sources, grâce à Johannes qui ne souhaite qu’une chose, que sa femmes soit heureuse. Tout cela sans jamais le formuler… Il y a de la pudeur dans tous les personnages. Une pudeur palpable, entre les lignes. La pudeur, le silence, les non-dits de chacun qui ne feront que creuser le faussé entre ces âmes meurtries…
En filigrane, le contexte historique est évoqué par Katia, mais d’une manière détachée, comme si rien ne la touchait vraiment. Un détachement qui semble nécessaire pour qu’elle puisse supporter le déracinement. Je me suis demandée ce qu’il était advenu de sa famille en RDA, on l’apprendra plus tard…
Katia, pensait trouver sa voie, se trouver… Mais dans sa fuite, elle ne fera que se perdre un peu plus.
Déracinée par ses parents, elle se l’impose également à son tour… Le détachement dont elle fait preuve, démontre sa quête identitaire. Elle pensait oublier d’où elle venait, mais le passé se rappel à elle, car le passé ne s’oublie pas. Si on l’enferme, il revient comme un boomerang…
Les sujets abordés sont multiples et très bien mis en valeur, portés par une plume contemplative, mais pas ennuyeuse. Une plume un brin poétique par moment, qui rend hommage aux exilés, à leur sacrifice, à la construction de soi, mais surtout à l’acceptation de la différence.
4° de couverture
Katia est la fille d’émigrés espagnols ayant fui à Berlin le régime franquiste. Avec sa soeur Martina, elle partage les élans d’une famille aimante, mais où le silence sur le passé est d’or. En grandissant, Katia voit s’ériger le Mur. Dans une librairie, son regard croise un jour celui de Johannes, jeune homme venu de l’Ouest… Avec sa complicité, à l’insu de tous, munie de faux papiers, Katia passe de l’autre côté. Avec un exceptionnel souffle romanesque, Aroa Moreno Durán déroule une histoire intime, étroitement liée à l’Histoire européenne. Une fresque magistrale qui rappelle l’atmosphère des films La Vie des autres et Cold War. Le portrait saisissant d’une vie déracinée, d’une vie volée.
Parution : 21 août 2019 – Editions du Masque – Prix papier : 19,90€ – Prix numérique : 14,99€ – Pages : 220 – Genre : thriller-psychologique, exil, réfugiés
Ce livre a été lu en partenariat avec la maison d’édition. Pour en savoir plus sur les conditions vous pouvez consulter la page Partenariats
Aroa Moreno Durán est diplômée en journalisme à l’Université complutense de Madrid. lle est titulaire d’un master en radio – télévision à l’Université Antonio de Nebrija et d’un master de l’édition à l’Université de Salamanca. Elle est l’auteure de deux biographies de Frida Kahlo (2011) et de Federico García Lorca (2011). « De l’autre côté, la vie volée » (« La hija del comunista », 2017), son premier roman, a obtenu le prix « El Ojo Crítico » de Radio Nacional de España (RNE) en 2017.
Lu dans le cadre du challenge Polar et Thriller 2019-2020
Catégories :Thrillers/Polars
On a du mal à mesurer la souffrance imposée à la population du fait de cette séparation du mur de Berlin. C’était, il y a trente ans déjà que cela prenait fin. Très bon weekend Julie 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Oui! 30 ans que cela est terminé, pourtant l’Allemagne en porte encore les stigmates. Les gens ont vécu enfermé pendant beaucoup trop d’années pour s’affranchir des chaînes….
Excellente soirée et très bon week-end 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Et ben… magnifique retour, tu as tout dit. J’ai l’impression qu’en ce moment on manque de ce genre de messages véhiculés. Il y a un cruel manque d’empathie et de valeurs universelles. Un livre qui doit remuer un peu quand même
J’aimeAimé par 1 personne
Merci ❤
Sans remuer, il met le doigt sur une vérité que beaucoup oublient 😉
J’aimeJ’aime